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L’aptitude médicale à la conduite

Publié le Mardi 26 mars 2019 Temps de lecture : 5 mn
L’aptitude médicale à la conduite
Certaines pathologies sont incompatibles avec l’obtention ou le maintien du permis de conduire.

Les contre-indications médicales à la conduite


L’arrêté du 18 décembre 2015 liste un certain nombre de pathologies incompatibles avec l’obtention ou le maintien du permis, ou qui peuvent donner lieu à la délivrance d’un permis avec une durée de validité limitée, ou encore qui nécessitent un aménagement du véhicule. Le patient atteint par l’une de ces affections doit se soumettre de lui-même à un contrôle médical auprès d’un médecin agréé (liste disponible auprès de la préfecture), en particulier :
  • Les pathologies cardio-vasculaires : insuffisance cardiaque très sévère permanente (stade IV) et cardiomyopathie hypertrophique symptomatique.
  • Les troubles du sommeil : somnolence excessive, persistante malgré le traitement, quelle qu’en soit la cause.
  • Les addictions : dépendance avérée à l’alcool ou aux drogues avec retentissement psycho-comportemental et refus de traitement.
  • Les troubles de la vue : acuité visuelle inférieure à 5/10e de loin après correction optique (lunettes, lentilles de contact, chirurgie…). Rétrécissement majeur du champs visuel des deux yeux. Diplopie (vision double) permanente qui ne peut être corrigée par aucune thérapeutique optique ou chirurgicale. Blépharospasme incoercible (fermeture permanente et incontrôlable des paupières).
  • Les troubles neurologiques psychiatriques : trouble neurologique majeur (paralysie des membres sans prothèse ni adaptation du véhicule). Instabilité chronique à l’origine de troubles graves de l’équilibre et de la coordination. Démence ou psychose aigüe et chronique s’il existe des manifestations cliniques pouvant interférer avec la conduite automobile.
 

Informer votre patient


Si votre patient est concerné par l’une de ces pathologies, nous vous recommandons de l’inciter à se soumettre à un contrôle médical d’aptitude à la conduite auprès d’un médecin agréé. Vous pouvez lui fournir la liste des médecins agréés dans son département. Rappelez lui qu’il encourt des sanctions judiciaires s’il provoque un accident à charge (2 ans d’emprisonnement et 4500 euros d’amende) et que son assurance ne le couvrira pas. Dans tous les cas, n’oubliez pas de consigner et de dater ces échanges dans son dossier médical. Votre responsabilité peut être engagée en cas de défaut d’information auprès du patient.

Pas d’exception au secret médical

L’Ordre des médecins rappelle que le secret médical s’impose en toute circonstance, aucune exception n’est prévue pour le signalement des conducteurs à risque. Si votre patient s’obstine à vouloir conduire malgré vos recommandations, vous ne pouvez pas saisir vous-même la commission médicale primaire départementale des permis de conduire.


Patient âgé inapte à la conduite

Au cours d’une consultation, vous pouvez vous apercevoir qu’un patient âgé ne dispose plus de toutes ses facultés motrices, visuelles ou intellectuelles, et que cet état de santé général rend sa conduite dangereuse pour lui-même et pour les autres. Il se retrouve alors face à une situation kafkaïenne entre l’obligation du respect du secret médical et la nécessité de protéger autrui. À cela s’ajoute le fait que le patient peut vivre cette inaptitude comme une privation de sa liberté, voire de sa vie sociale, surtout en zone rurale... Le seul pouvoir du médecin face à un patient inapte à la conduite est l’information, la persuasion et la ténacité. Il peut aussi, s’il connaît les proches du patient, leur faire part de son inquiétude et expliquer qu’il serait raisonnable d’inciter la personne à arrêter de conduire. Il peut aussi, sous réserve des capacités du patient, l’inciter dans un premier temps à ne plus conduire de nuit, ou encore à limiter ses déplacements sur de courts trajets. Dans tous les cas, le médecin ne peut saisir lui-même la commission médicale primaire qui siège à la préfecture, ni demander à un médecin agréé qu’il convoque le patient.

L’examen médical d’aptitude à la conduite


Selon l’article R226-1 du code de la route : "le contrôle médical de l'aptitude à la conduite consiste en une évaluation de l'aptitude physique, cognitive et sensorielle du candidat au permis de conduire ou du titulaire du permis."
L’examen est obligatoire pour les personnes qui peuvent présenter une contre-indication médicale à la conduite en raison de leur état de santé. Si tel est le cas, le candidat au permis ou la personne déjà titulaire du permis doit se soumettre à cet examen médical de sa propre initiative. S’il omet de se soumettre à ce contrôle médical, il s’expose à une peine de deux ans d’emprisonnement et à une amende de 4 500 euros. Le cas échéant et en cas d’accident de son fait, il ne sera pas couvert par son assurance.

Qui fait passer cet examen ?

C’est le médecin chargé du contrôle médical d’aptitude à la conduite. Il est agréé par le préfet du département dans lequel réside le patient. Il reçoit, à leur demande, les conducteurs ou les candidats au permis.
  • Il émet un avis médical portant sur l’aptitude à la conduite, la durée de cette aptitude (ou inaptitude) et éventuellement les restrictions qui s’y appliquent.
  • Il peut demander au préfet de convoquer la personne examinée devant la commission médicale primaire du département.
  • Il peut demander des examens complémentaires, et conditionner sa décision à l’avis d’un spécialiste.

Lire lapicture_as_pdf brochure de la la Sécurité routière et de la DGS : "Pour une conduite adaptée à sa santé - Médecins : quel est votre rôle"