Au service des médecins dans l’intérêt des patients

Repérer et signaler une dérive sectaire

Publié le Lundi 25 mars 2019 Temps de lecture : 3 mn
Dérives sectaires
Le secteur de la santé se prête particulièrement aux dérives sectaires. Quelques conseils pour les détecter et aider vos patients victimes.

Qu’est-ce qu’une dérive sectaire ?


Selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), une dérive sectaire constitue un "dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l'ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes".
 
À ce jour, les dérives sectaires dans le domaine de la santé représentent près de 40 % de l’ensemble des signalements reçus à la Miviludes. Elles se caractérisent par un asservissement psychologique ou physique du patient, le privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour lui, son entourage ou la société.

Pour aider les professionnels de santé à repérer ces situations, la Miviludes a édité le guide " Santé et dérives sectaires   ", consultable en ligne. Il a été conçu en collaboration avec le Conseil national de l’Ordre des médecins. Une formation continue intitulée "Comment faire face aux dérives sectaires" est aussi ouverte aux professionnels de santé sur le site de l’Ecole des hautes études en santé publique .


Les signes de dérive sectaire

  • Un patient en difficulté qui souhaite arrêter les thérapeutiques classiques ou qui suit exclusivement des thérapeutiques non conventionnelles.
  • Un enfant qui n’a jamais été vacciné depuis sa naissance.
  • La modification des habitudes vestimentaires ou alimentaires d’un patient.
  • Un refus de soins ou de médicaments régulièrement prescrits.
Certains types de malades, comme les malades du cancer ou les malades chroniques, constituent des cibles de choix pour les mouvements sectaires. Le désarroi de parents d’enfants autistes, hyperactifs ou confrontés à des retards ou à des inadaptations au milieu scolaire est aussi un bon "terrain" pour certaines organisations.

Vous êtes tenu d’évaluer et d’apprécier le risque encouru par votre patient sans vous immiscer dans ses affaires de famille, ni dans sa vie privée, conformément aux dispositions de l'article 51 du Code de déontologie médicale.
Si vous avez un doute sur le risque encouru par un patient qui suit une thérapeutique alternative, ou sur son appartenance à un mouvement sectaire, vous pouvez requérir l’expertise du conseil départemental de l’Ordre des médecins auquel vous êtes rattaché, solliciter la Miviludes  ou le référent des dérives sectaires de l’agence régionale de santé (ARS ) dont vous dépendez.

Enfin, l’UNADFI , Union nationale des Associations de défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes, accompagne et défend les familles et les individus victimes de groupes sectaires.

Que faire en cas de dérive sectaire ?


Si vous acquérez la conviction d’une dérive sectaire et considérez que votre patient a subi des violences physiques ou psychiques, vous pouvez, avec son accord, saisir le procureur de la République territorialement compétent.

Si votre patient encourt un danger du fait du recours à des méthodes thérapeutiques non éprouvées prônées par un mouvement sectaire ou par un pseudo-praticien, vous êtes tenu de remplir votre devoir de conseil en tentant de le convaincre de la dangerosité de ces méthodes et en l’accompagnant tout au long du processus médical.

L’Ordre des médecins recommande de conserver le contact avec ces victimes et leur famille.