Au service des médecins dans l’intérêt des patients

Retour sur l’Assemblée générale de l’Ordre des médecins

Publié le Mercredi 04 avril 2018 Temps de lecture : 10 mn
Le Docteur Patrick Bouet a exprimé l’urgence pour le gouvernement de prendre des mesures pour réformer le système de santé.
Dans son allocution d’ouverture, le Président Patrick Bouet a exprimé l’urgence pour le Gouvernement de prendre des mesures pour réformer le système de santé, alors que ses fragilités et l’impatience des médecins dans tous les secteurs de soins apparaissent au grand jour.

Patrick Bouet : «  l’impatience grandit »


S’exprimant devant les élus ordinaux de l’ensemble des départements et régions de France, le président du Conseil national de l’Ordre des médecins  s’est  félicité de l’élection de 177 femmes, dont 71 nouvelles élues, au sein des bureaux des conseils départementaux renouvelés, rappelant que l’institution voyait dans l’instauration de la parité une opportunité pour mieux représenter l’ensemble du corps médical, au regard notamment de la féminisation de la profession.

Evoquant les chantiers de l’Ordre pour  l’année 2018, Patrick Bouet a appelé à un renforcement de la cohérence institutionnelle de l’Ordre, rappelant que les « médecins attendent de l’Ordre que nous soyons la voix de tous, ayant le même regard sur les exercices, les territoires, les spécialités. » A cet effet, le docteur Gilles Munier, vice-Président du Conseil national de l'Ordre des médecins, a été chargé de conduire les réflexions associant le Conseil national aux conseils départementaux et régionaux, afin de faire émerger une « institution résolue, cohérente et homogène sur l’ensemble du territoire. »

Ces réflexions ont  pour objectif de permettre, dans tous les champs d’expertise de l’Ordre des médecins, de faire émerger des réponses concrètes et un appui dans leur exercice quotidien à l’ensemble des médecins. Les conseillers ordinaux ont ainsi été invités à travailler ensemble sur les grands enjeux éthiques et déontologiques de l’exercice professionnel, de la formation et des compétences professionnelles, de la démographie et de la santé publique.

Ce travail commun au service des médecins devra permettre à l’Ordre d’apporter des réponses concrètes et partagées sur toutes les questions que peuvent se poser les médecins sur des problématiques aussi diverses que la fin de vie, l’interdisciplinarité, la continuité des soins, la recertification, ou encore la prescription. L’Ordre entend ainsi être un vecteur de simplification de l’exercice médical, qui est un enjeu majeur pour notre système de santé.

A cet égard, Patrick Bouet a évoqué les enjeux de l’année 2018 pour le système de santé. Il a ainsi rappelé qu’Agnès Buzyn a su renouer le dialogue avec le corps médical et « reprenait dans son discours nombre des affirmations défendues par l’Ordre depuis la grande consultation. » Le Dr. Bouet a cependant fait part d’une impatience grandissante des médecins pour voir apparaitre des mesures concrètes touchant les difficultés de leurs exercices divers. « Il a même une incompréhension »  devant la multiplication des comités de concertation, alors que « l’heure du constat est clairement dépassée et que le temps est à l’action résolue vers une refondation, car nous le savons, et mieux que d’autres, l’exaspération professionnelle est à son comble, l’inquiétude des usagers exacerbée, l’impatience des acteurs politiques locaux à son sommet. »
 

L’Observatoire des initiatives réussies dans les territoires : un outil public pour renforcer l’accès aux soins


Le Dr. François Arnault, Délégué général aux relations internes, a ouvert l’Observatoire des initiatives réussies dans les territoires, mis en ligne sur le site du Conseil national de l'Ordre des médecins.

Cet observatoire a pour objectif  de faire savoir  que, malgré les difficultés en matière d’accès aux soins, des solutions nées du terrain apportent des réponses concrètes et efficaces dans les territoires de proximité. Cette mise en ligne a pour vocation de recenser des initiatives renforçant l’accès aux soins partout en France, qu’il s’agisse de regroupements professionnels (physiques ou virtuels), de la mise en œuvre de stages professionnalisant, ou encore de la facilitation de modes d’exercice différents, à l’instar de l’adjuvat ou de temps partiels pour les médecins retraités actifs, mais aussi de mettre en évidence d’autres initiatives innovantes.

L’Ordre des médecins veut ainsi soutenir les  énergies à l’œuvre dans les territoires, et les efforts partagés de très nombreux acteurs pour avoir des initiatives adaptées aux  réalités de terrain, afin de renforcer l’accès aux soins dans les zones en tension.

Avec les acteurs de terrain, le Conseil national de l’Ordre des médecins entend ainsi encourager l’éclosion d’initiatives décentralisées, simplifiant l’exercice des professionnels de santé, dans le sillage des propositions pour l’avenir de notre système de santé qu’il porte depuis 2016.

Cet Observatoire fait suite au  recensement d’initiatives réussies, réunies dans le  rapport « Améliorer l’offre de soins », publié en février 2017, et sera  régulièrement complété par tout porteur d’une initiative ayant permis de répondre à une problématique d’accès aux soins. Conseils départementaux de l’Ordre, médecins, ou encore élus de collectivités locales pourront ainsi présenter leur action en écrivant à l’adresse mail créée à cette fin : initiatives@cn.medecin.fr
 

Présentation de l’Observatoire de la sécurité des médecins 2017 : un nombre record d’incidents


Le Dr. Hervé Boissin, coordonnateur de l’Observatoire de la Sécurité des médecins, en a présenté les résultats pour l’année 2017.

Un nombre record d’incidents


En 2017, 1035 incidents ont été déclarés auprès de l’Ordre des médecins. Il s’agit du nombre de déclarations d’événements le plus important depuis la création de l’Observatoire de la sécurité des médecins en 2003, alors-même que l’année 2016 établissait déjà un triste record.

Les départements les plus touchés sont le Nord (108 incidents) et les Bouches-du-Rhône (107 incidents). Certains départements sont marqués par une croissance conséquente du nombre d’actes à l’image de la Haute Garonne (31 actes en 2016, 43 en 2017) ou de la Seine-Maritime (22 actes en 2016 contre 31 en 2017).

Les généralistes premiers touchés


Alors que les généralistes ne représentent que 40% des praticiens français, cette catégorie de médecin est surreprésentée dans les incidents déclarés avec 61% des cas recensés, les spécialistes représentant 39% des cas.

Parmi les spécialistes les plus touchés, les ophtalmologues (58 déclarations ; 6% des cas), les psychiatres (33 déclarations ; 3% des cas) et les dermatologues (25 déclarations ; 2% des cas) continuent, comme en 2016, à être les plus concernés par les incidents. En 2017, l’Ordre constate une progression préoccupante des événements concernant des médecins du travail (21 déclarations, soit 2% des cas, en 2017 contre 13 déclarations, soit 1% des cas, en 2016).

Augmentation des vols et des incidents urbains


Concernant la nature des actes, le Conseil national de l'Ordre des médecins note une progression de la part des vols dans les déclarations d’incidents cette année (23% des déclarations, 19% en 2016 et 2015). En revanche les autres motifs principaux restent stables en 2017, une large majorité des incidents étant constitués d’agressions verbales et de menaces (62%), loin devant le vandalisme (8%) et les agressions physiques (7%).

Plus précisément, cette année l’Ordre tient à faire part de son inquiétude face à la progression des vols d’ordonnances et d’ordonnanciers (9% des cas en 2017, 7% en 2016).

Par ailleurs l’institution partage sa préoccupation quant à l’augmentation en 2017 d’incidents en milieu urbain et centre-ville alors même que ceux-ci reculaient les années précédentes (53% en 2017 ; 48% en 2016).

Des femmes de plus en plus concernées


En termes de profil, les victimes sont plus féminisées que la profession ne l’est : 51% des déclarants sont des femmes, et 49% des hommes alors que la profession est composée de 47% de femmes et de 53% d’hommes.

L’Ordre encourage les médecins à déposer plainte


L’Ordre des médecins regrette que, l’année passée, le taux de plaintes déposées par les victimes (38%), comme celui des mains courantes (10%), soit resté trop faible. Il appelle dès lors chaque médecin victime d’une agression à engager des procédures adéquates auprès des autorités et à le signaler à l’Ordre afin qu’il puisse s’y associer, rappelant ainsi l’absolue nécessité et l’urgence de garantir la sécurité des personnels soignants dans l’exercice de leur mission auprès des populations.
 

Rapport annuel sur la permanence des soins ambulatoires : l'urgence de réorganiser la PDSA en se fondant sur les territoires


La 15e enquête annuelle sur la permanence des soins ambulatoires, présentée par le Dr. Jean-Yves Bureau, président de la commission PDSA de l’Ordre des médecins,  a confirmé la tendance constatée depuis plusieurs années d’une dégradation lente et progressive de la permanence des soins ambulatoire. La situation dans certains départements est d’ores et déjà critique, et elle le deviendra dans d’autres territoires si aucun changement n’intervient en termes d’organisation ou de fonctionnement de la PDSA.

On comptait en 2017 dix-neuf territoires supplémentaires dans lesquels la PDSA n’était pas assurée en nuit profonde ; en deux ans le nombre de territoires couverts entre minuit et huit heures du matin a diminué de 11%. Ainsi, l’organisation actuelle de la permanence des soins repose sur un nombre de médecins de plus en plus réduit et la place dévolue aux établissements publics de santé devient de plus en plus  importante.

De manière globale, le volontariat des médecins s’est maintenu en 2017, 61 départements comptant un taux de volontariat supérieur à 60%, contre 60 départements en 2016. Ce taux connaît cependant de grandes disparités : il est par exemple de 90% dans la Nièvre, et de 10% à Paris.

Les indications démographiques montrent cependant une grande fragilité. Dans 15% des territoires, la PDSA est effectuée par 5 médecins ou moins. L’âge moyen des effecteurs est aujourd’hui de 50 ans, et celui des régulateurs de 55 ans. Il n’existe par ailleurs que 13 départements dans lesquels les salariés de centres de santé participent à la PDSA.

Dès lors, le maintien de la participation des médecins à la permanence des soins malgré ces tensions démographiques interroge sur la pérennité d’un dispositif reposant essentiellement, dans un certain nombre de territoires, sur des médecins généralistes installés déjà très fortement sollicités. Il serait urgent de réorganiser la permanence des soins en se fondant sur un diagnostic précis des besoins de la population et des ressources médicales disponibles. L’Ordre rappelle à cet égard que c’est au plus près des territoires que doit être définie l’organisation de la PDSA, comme l’organisation des soins dans son ensemble.

Enfin, l’Ordre appelle une nouvelle fois les pouvoirs publics à organiser une campagne d’information auprès de la population sur l’organisation encore méconnue de la permanence des soins et sur le rôle clef du médecin régulateur. L’objectif d’une action de ce type serait de mieux expliquer à nos concitoyens  que le déplacement du médecin au domicile du patient, ou que le déplacement du patient sur le lieu d’exercice du praticien, n’est pas systématiquement nécessaire.