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« Santé et environnement : tout le monde a un rôle à jouer ! »
Quelques jours avant l’ouverture de la COP26, en novembre, 45 millions de professionnels de santé du monde entier adressaient une lettre ouverte aux dirigeants du monde entier. Ils y réclament que la santé soit au cœur de la lutte contre le changement climatique.
Il ne fait plus aucun doute que notre planète est en danger et que les conséquences sur notre santé sont probablement majeures.
Pollution de l’air, accès à l’eau potable, destruction des écosystèmes, canicules, catastrophes naturelles, perturbateurs endocriniens, nouvelles épidémies et zoonoses…. Les risques liés à l’environnement sont nombreux et l’ampleur de leur impact sur la santé des hommes reste encore à déterminer.
Face à ces menaces, nous avons tous un rôle à jouer !
Nous, médecins devons être des acteurs, informés et formés, permettant les actions de prévention et de sensibilisation auprès de tous les citoyens. Les pouvoirs publics doivent également s’engager massivement, sans faille ni retenue, pour encourager la recherche et adapter notre système de santé à ces enjeux qui nous concernent tous.
représente le 4e facteur de risque de mortalité.
2,5 millions
1,7 million
1,4 million
567 000
259 000
2,3 millions
1,7 million
846 000
246 000
les plus touchés ?
du monde où il y a
le plus de décès ?
L’environnement est responsable chaque année de :
- 4,9 millions de décès chez les adultes âgés de 50 à 75 ans.
- 1,7 million de décès chez les enfants de moins de 5 ans. En cause, les maladies respiratoires et les diarrhéiques.
OMS, Des environnements plus sains pour des personnes en meilleure santé : https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0008/367190/eceh-fre.pdf
Sixième rapport d’évaluation du GIEC : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/
Maladies chroniques et pollution de l’air
La pollution de l'air se traduit par une pénétration des particules fines dans l'organisme. En France, selon Santé publique France, les particules fines seraient directement responsables de 40 000 décès chaque année. Et l’exposition à la pollution de l’air ambiant représente en moyenne pour les personnes âgées de 30 ans et plus une perte d’espérance de vie de près de 8 mois.
Les maladies respiratoires sont les principales conséquences de la pollution de l’air. L’OMS estime que 90 % d’entre elles sont liées à l’environnement. Des chiffres qui montrent l’importance de poursuivre les efforts de réduction de la pollution atmosphérique, en agissant sur l’ensemble des sources de pollution.
Les maladies cardiovasculaires
Avec près de 400 morts par jour en France, les maladies cardiovasculaires, qui regroupent l’infarctus du myocarde, les AVC, les maladies vasculaires périphériques et hypertensives, se situent au deuxième rang des causes de mortalité. Les facteurs de risque sont nombreux : l’âge, l’hérédité, le tabac, la sédentarité… Mais aussi la pollution. Les particules en suspension ou gaz irritants et agressifs aggravent non seulement des problèmes cardiaques chez les malades mais ont également des effets nocifs sur le système cardiovasculaire chez des personnes saines. À l’échelle mondiale, près de 20 % des décès dus à des maladies cardiovasculaires sont liés à la pollution de l’air.
Source : https://fedecardio.org/presse/pollution-un-risque-de-maladies-cardiovasculaires-accru/
Les allergies
En 20 ans, les allergies au pollen ont triplé. Une augmentation liée en grande partie au changement climatique. D’après le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen. Ce phénomène touche principalement les espèces qui pollinisent à la fin de l’hiver et au début du printemps, telles que le cyprès, le frêne ou encore le bouleau. D’autres plantes allergènes profitent des nouvelles conditions climatiques pour se répandre. C’est le cas de l’ambroisie à feuilles d’armoise, venant d’Amérique du Nord, qui s’étend en Europe comme une traînée de poudre. Sa concentration pourrait quadrupler, sur le continent, à l’horizon 2050. Selon l’Inserm, le changement climatique serait à l’origine des deux tiers de cette progression.
Sources :
https://www.pollens.fr/
(RNSA)
https://www.anses.fr/fr/content/ambroisie-et-allergies
Les cancers
Entre 5 et 10 % des cancers seraient liés à des facteurs environnementaux, selon Santé publique France. Les liens entre l'environnement et l'apparition de certains cancers font l'objet de nombreuses études. En octobre 2013, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé l'ensemble des particules fines, ainsi que la pollution de l'air extérieur, comme des cancérigènes certains pour l'homme. Les experts ont conclu, après évaluation des dernières données de la littérature scientifique, à l'existence de liens entre l'exposition à la pollution de l'air extérieur et le risque de développer un cancer du poumon ou de la vessie. Deux études récentes, l’une menée en France et l’autre en Suisse, concluent à l'existence d’un lien entre le fait de vivre à proximité d’une route à fort trafic et la survenue de leucémie chez l’enfant.
Outre les particules fines, d’autres facteurs environnementaux augmentent le risque de certains cancers. C’est le cas des perturbateurs endocriniens, dont plusieurs, présents dans notre environnement, sont suspectés d’être cancérigènes. Parmi eux, les polychlorobiphényles (PCB), longtemps utilisés comme isolant dans le bâtiment, les phtalates ou certains pesticides. Enfin, le radon, lorsqu’il est présent dans l’air intérieur, représente le second facteur de risque de cancer du poumon.
Sources : https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Environnement
Les troubles de la fertilité
Aujourd’hui près d’un couple sur 8 consulte pour des troubles de la fertilité. On observe en effet chez la femme une hausse importante des troubles liés à l’ovulation, notamment l’insuffisance ovarienne précoce ou encore l’endométriose. Du côté des hommes, on constate une baisse régulière et significative du nombre de spermatozoïdes. Selon l’OMS, ils sont passés en moyenne de 40 millions par millilitre à seulement 15 millions, en 40 ans.
Les causes de ces troubles sont nombreuses : âge, génétique, tabagisme… Et beaucoup sont liées à l’environnement. Certains facteurs ont un impact avéré sur la fertilité́ humaine, comme les foyers de chaleur importante (fours, postes de soudure…) pouvant augmenter la température au niveau des testicules, ou encore l’exposition à certains pesticides comme le dibromochloropropane, à des solvants comme certains éthers de glycol ou à des métaux lourds (plomb). D’autres substances, des polluants organiques persistants comme les PCB et les pesticides organochlorés ou encore certains perturbateurs endocriniens de type phtalates, sont suspectées de perturber la fonction de reproduction. Actuellement, les données sur les impacts des perturbateurs endocriniens sur la fertilité restent encore trop limitées. Mais de nombreuses études sont en cours sur le sujet.
En 2019, par exemple, une équipe de recherche de l’université de Genève a constaté que les perturbateurs endocriniens auxquels sont exposées les mères pendant la grossesse ont des conséquences sur la qualité du sperme de leurs enfants ensuite. La même année, une méta-analyse française de 17 études a, quant à elle, montré que le risque de développer une endométriose était de 1,65 fois plus élevé chez les femmes exposées aux dioxines ; 1,70 pour celles exposées aux PCB ; et 1,23 pour les pesticides organochlorés.
Sources :
https://academic.oup.com/humrep/advance-article-abstract/doi/10.1093/humrep/deab034/6174711?redirectedFrom=fulltext
https://www.inserm.fr/dossier/infertilite/
« Perturbateurs endocriniens : il faudrait former les médecins généralistes »
Qu'est-ce qu'un perturbateur endocrinien et quels sont les mécanismes d'action ? Un perturbateur endocrinien (PE) est une substance naturelle ou de synthèse qui va interférer avec le système hormonal en le régulant, le mimant ou le bloquant. Les perturbateurs endocriniens sont donc nombreux et variés dans l’environnement quotidien. Par exemple, les mycotoxines des céréales ou la génistéine du soja sont des PE naturels. Dans les produits industriels, on trouve par exemple la dioxine, les solvants ou les plastiques (bisphénol et phtalates) et dans les produits agricoles les pesticides. Les médicaments peuvent être également des PE comme le Distilbène, la Dépakine ou le paracétamol. C’est le mécanisme de toxicité qui définit un perturbateur endocrinien. Un PE ne détruit pas la cellule mais perturbe sa fonction en agissant à faibles doses.
Quelles sont les conséquences des PE sur la santé humaine ? Les PE agissent particulièrement dans des fenêtres de susceptibilité comme le développement fœtal, les enfants en bas âge et la période péri-pubertaire. Ils favorisent, en tant que cofacteurs de risque et via vraisemblablement des modifications de l’épigénome, la survenue de malformations, de troubles neurodéveloppementaux (autisme, hyperactivité), des problèmes de reproduction et gynécologiques (endométriose), des maladies métaboliques (obésité et diabète de type 2), divers cancers (sein, prostate, testicule, lymphomes…), la maladie de Parkinson et probablement la maladie d’Alzheimer.
Comment alors limiter notre exposition à tous ces PE ? Des moyens simples de la vie quotidienne sont susceptibles de diminuer l’exposition à ces PE, en particulier chez la femme enceinte ou allaitante et l’enfant en bas âge. Éviter le tabagisme actif ou passif étant donné la présence de nombreux PE (cadmium, benzopyrène, hydrocarbures polycycliques). Renouveler quotidiennement l’air intérieur. Faire attention aux cosmétiques (parabène, plomb…), aux produits d’hygiène, de bricolage, de jardin et animaliers. Consommer le moins possible d’aliments industriels ultra-transformés (nombreux additifs). Si elles le peuvent, elles doivent manger « bio » ou du moins essayer de manger des fruits et légumes, viandes et laitages issus d’une agriculture contrôlée. Éviter le chauffage au micro-ondes d’aliments dans des contenants en plastique ou recouverts d’un film plastique, les canettes métalliques de boisson, les boîtes de conserve et les poêles avec perfluorés anti-adhésifs. Consommer avec modération les coquillages et certains poissons d’eau douce ou de mer gras et prédateurs, qui accumulent les perturbateurs endocriniens (polluants organiques persistants, mercure).
Pensez-vous que les professionnels de santé sont suffisamment informés sur les perturbateurs endocriniens et leurs conséquences ? Il faudrait introduire des enseignements sur les risques liés à notre environnement dans les études médicales, y compris sur les perturbateurs endocriniens. Il faudrait également former les médecins généralistes. Car il y a moyen de fournir des conseils très simples aux patients et en particulier aux jeunes femmes désirant un enfant. Je pense qu’il serait nécessaire pour cela de développer la consultation « préconceptionnelle ».
« Pollution de l’air : des effets de nature et temporalité différentes »
En quoi consiste la pollution atmosphérique ? Déjà, la pollution de l’air concerne l’extérieur et l’intérieur des locaux. Si l’on s’intéresse uniquement à l’extérieur, la pollution dans l’atmosphère peut être définie comme l’introduction d’un certain nombre de substances qui peuvent nuire à la santé de l’homme et de l’environnement. Une très forte proportion de ces substances est due aux activités humaines : transports, industrie, agriculture, le secteur résidentiel tertiaire également. Ces substances sont des gaz, des particules, introduites le plus souvent suite à une combustion, mais aussi par les émanations de solvants, l’utilisation de pesticides… Il y a également des pollutions d’origine naturelle : incendies de forêts, éruptions volcaniques, décomposition des algues qui s’échouent sur les plages, pollen… On ne connaît pas exactement la composition de l’atmosphère, car les polluants évoluent dans l’air et il y a des recombinaisons entre les molécules.
Quels sont les risques de ces polluants sur notre santé ? La première porte d’entrée de ces polluants est l’appareil respiratoire. Les polluants peuvent aussi retomber sur le sol, contaminer l’environnement et finalement les denrées alimentaires et l’eau. Leurs effets sur la santé sont de différente nature et ont diverses temporalités. Par exemple, les pics de pollution sont des épisodes aigus et vont avoir des répercussions à court terme, par exemple sur les personnes souffrant de maladies cardiorespiratoires. On enregistre ainsi des pics de mortalité lors de ces épisodes. Mais ces phénomènes ne se produisent qu’une vingtaine de jours par an. Nous avons en revanche une exposition chronique les autres jours de l’année. La pollution peut provoquer ou aggraver des maladies comme l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), avoir des impacts sur la santé cardiaque et les accidents cardiovasculaires. Il y a également un lien entre la pollution de l’air et une aggravation des pathologies métaboliques telles que le diabète et l’obésité. Des liens existent aussi entre exposition de la mère et perturbation de la grossesse tels que la prématurité, des retards de développement intra-utérins, des malformations à la naissance et des troubles du développement respiratoire après la naissance. Récemment, on s’est interrogé également sur le lien entre pollution de l’air et troubles du système nerveux comme les maladies neurodégénératives et l’autisme.
Comment limiter ces polluants dans l’air ? Nous devons avoir des stratégies d’atténuation par la réduction de nos émissions, par exemple en limitant nos déplacements en voiture ou en modifiant la façon de nous chauffer. Il faut aussi faire attention à notre exposition : s’informer sur la qualité de l’air, éviter de faire du sport lors des pics de pollution, notamment pour les personnes fragiles telles que les femmes enceintes et les personnes âgées, ou bien ne pas faire de jogging dans des rues où circulent beaucoup de véhicules. Il y a une prise de conscience du grand public. Les professionnels de santé ont aussi un rôle à jouer auprès des patients notamment ceux qui ont des pathologies respiratoires.
« Zoonoses : il faut des connexions entre les disciplines »
La pandémie de Covid-19 a mis en exergue les zoonoses. 75 % des maladies infectieuses émergentes sont transmises par des animaux. Est-ce un nouveau danger ? C’est en réalité un phénomène qui existe depuis la nuit des temps, parce qu’il y a un certain nombre d’agents pathogènes qui infectent à la fois les animaux et les humains de manière non spécifique. Les animaux infectés transmettent alors la maladie à l’homme soit directement soit par un animal intermédiaire. C’est le cas notamment de la rage, transmise par les renards. Mais auparavant, ces maladies étaient localisées à un endroit précis et se disséminaient peu. Ce qui a changé, c’est que les maladies se répandent aujourd’hui avec la mondialisation, c’est-à-dire les transports, les voyages, le tourisme. Ainsi, des touristes visitent des grottes en Asie et se trouvent en contact avec des chauves-souris qui transportent de très nombreux virus ; c’est une des hypothèses de la cause de l’émergence du virus du SARS-CoV-2. La dégradation de l’habitat des animaux sauvages, comme la déforestation, joue également dans ce phénomène d’émergence. Chassés de leurs espaces naturels, les animaux se déplacent vers des espaces plus proches des villes et des zones rurales. La destruction de la biodiversité participe évidemment à ce phénomène : l’écosystème n’est plus moteur dans la régulation des espèces par d’autres, les aires de répartition des animaux changent et les contacts entre humains et animaux se multiplient. Enfin, l’environnement entre en compte car les agents pathogènes sont sensibles aux changements climatiques comme des inondations, les sécheresses, etc.
Quelles sont les solutions pour limiter ces risques de transmission ? C’est un problème extrêmement complexe. Une des solutions possibles serait de préserver la biodiversité, mais ce n’est pas forcément vrai pour tous les modèles. Il est difficile de généraliser à toutes les situations à risque. Par exemple dans le cas des maladies à tiques, l’expansion des forêts et l’augmentation du nombre d’animaux qui y vivent sont corrélées à une augmentation du nombre de tiques et de maladies qu’elles induisent. Il est par ailleurs difficile de prévoir quels virus ou bactéries vont être à l’origine de maladies émergentes : il y a des millions de virus et de bactéries véhiculés par les animaux. On ne peut pas tous les étudier, en revanche, on peut travailler sur certaines familles de virus que l’on sait être proches de virus humains afin notamment de comprendre si et comment ces virus pourraient infecter l’homme.
Que peut apporter le concept « One Health » ? Le concept « One Health » est une approche qui prône les interconnexions entre les hommes et les animaux. En protégeant la santé des animaux, on protège celle des hommes. Ce concept « One Health » est mis en avant depuis des années mais est rarement appliqué. Pour ce faire, il faut qu’il y ait des interconnexions entre les disciplines. En France, elles sont trop souvent cloisonnées alors que ce n’était pas le cas au siècle de Louis Pasteur. Des passerelles entre les enseignements de santé animale et de santé humaine doivent exister.
« Pesticides : nous allons finir par impacter la biodiversité de manière irréversible »
Tous les pesticides ont-ils des conséquences sur l’environnement et la santé ? En premier lieu, un pesticide, c’est une molécule qui va soit tuer, soir repousser, soit contrôler des espèces végétales jugées indésirables et des organismes jugés nuisibles. On peut classer les pesticides en fonction du type d’élément qu’ils vont repousser ou contrôler : herbicides ou pesticides. On peut aussi les classer en fonction de leur famille chimique. À titre d’exemple, pour les insecticides, se sont succédé en termes d’utilisation agricole, différentes familles depuis la Seconde Guerre mondiale : nous avons ainsi les organochlorés comme le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) et le chlordécone utilisé aux Antilles. Ces pesticides sont très persistants dans l’environnement, car ils demeurent dans les sols, l’eau et les organismes des êtres humains, notamment au sein de leurs tissus « gras ». Leur utilisation a été abandonnée en Amérique du Nord et en Europe. Il y a ensuite les organophosphorés. Le gaz sarin, arme de guerre chimique, fait partie de cette famille. Ces organophosphorés commencent à être interdits. Enfin, nous avons les pyréthrinoïdes qui sont des insecticides dont la toxicité chez les êtres humains commence à émerger.
Sont-ils tous dangereux ? Nous sommes capables d’identifier un certain nombre de pathologies liées à toutes ces molécules. Par exemple, les organochlorés ont une incidence sur la maladie de Parkinson et le chlordécone sur le cancer de la prostate. Les organophosphorés sont associés à des effets sur la santé des enfants et des adultes : altération des capacités motrices, cognitives, sensorielles chez les enfants lorsque la femme est exposée durant sa grossesse, troubles cognitifs chez les adultes. Quant aux pyréthrinoïdes, une exposition lors de la grossesse peut générer des troubles internalisés chez l’enfant comme une anxiété plus importante. La problématique de la non-spécificité des molécules est un élément clé de la toxicité des pesticides. Par exemple, le glyphosate cible des plantes, mais la molécule ciblée par cet herbicide s’exprime aussi dans des bactéries et des champignons. Le glyphosate peut ainsi perturber le microbiote du sol et également le microbiote d’espèces vivantes (ex. : intestinal). Les pesticides peuvent donc agir sur des espèces non ciblées et créer un déséquilibre.
Faut-il interdire tous ces pesticides ? Existe-t-il des solutions alternatives ? Depuis des années, on essaie de remplacer ces molécules par d’autres et on s’aperçoit souvent au bout d’un temps long de leur toxicité. Déjà, tous les acteurs – agriculteurs, consommateurs… – devraient être correctement informés des risques. Les agriculteurs ne sont donc pas coupables et leur rôle doit être inclus dans une chaîne de responsabilités. Ainsi, nos modes de consommation sont à remettre en question avec notamment la surproduction des produits alimentaires. Ensuite, il faut préserver les ressources, rétablir la biodiversité et développer le bio. Cela nécessite une vision holistique de toute la chaîne de production et de consommation, ainsi qu’une politique pour lutter contre les inégalités sociales, car les prix des produits bio sont plus élevés. L’anticipation est essentielle dans ce dossier très complexe. Sinon, à un moment ou à un autre, nous allons finir par impacter la biodiversité de manière irréversible.
Produits ménagers : un Toxi Score pour faire les bons choix
Nettoyants pour sols, lessives, produits pour lave-vaisselle, désinfectants, sprays pour cuisine et salle de bains… Selon le ministère de la Santé, les Français achètent plus d’un milliard de produits ménagers par an. Or, ces produits peuvent être nocifs pour la santé et l’environnement, et leurs étiquettes, souvent incompréhensibles, rendent difficile l’évaluation de leurs dangers par le consommateur.
Annoncé en mai 2021 dernier par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, le Toxiscore devrait permettre de simplifier l’étiquetage des produits ménagers. Cette signalétique s’inspirera du nutriscore, en allant du vert au rouge. Il alertera entre autres sur les dangers d'un produit sur l'environnement mais aussi sur la santé et signalera les potentiels risques de cancer ou d'allergie.
Pour l'attribution de la note, plusieurs critères vont être pris en compte : la lisibilité des informations, l'impact sur la santé ainsi que l'analyse et la composition des produits. L'étiquette affichera également les précautions d'utilisation du produit, comme l'usage de gants ou le fait d'aérer la pièce.
Accident de Lubrizol : mieux comprendre le vécu des médecins
Le 26 septembre 2019, jour de la mort de Jacques Chirac, l’usine de produits chimiques Lubrizol et Normandie Logistique prend feu à Rouen. Une intense fumée noire se propage sur plusieurs kilomètres et provoque dépôt de suies et hydrocarbures, une gêne olfactive persistant plusieurs semaines et inquiétude chez les habitants. Plusieurs études sont menées à l’Université Rouen Normandie pour tenter de comprendre l’impact potentiel de la pollution induite par cet accident. Ainsi, des médecins, des sociologues et anthropologue ont créé un collectif de recherche en se concentrant sur les aspects sociologiques de cette crise. « La particularité de cet accident c’est qu’il n’a pas fait de victimes directes. Il y a eu peu de consultations aux urgences. En revanche, il y a eu beaucoup d’inquiétudes et de questionnements de la part de la population. Et ce sont les médecins de ville qui se sont retrouvés en première ligne », constate Benjamin Soudais, médecin généraliste à Elbeuf, et co-coordonateur de ce collectif.
Une étude qualitative a interrogé 19 médecins généralistes pour comprendre comment ils ont vécu cette journée. Premier constat : s’est posé la question de quitter son domicile, d’ouvrir ou non leur cabinet le jour de l’incendie. Autre enseignement de ces entretiens : le manque d’informations. Les médecins généralistes n’ont reçu aucune communication officielle des autorités sanitaires. Le traitement médiatique de l’accident et ses conséquences a quant à lui été réduit au minimum pour laisser place aux informations liées au décès de l’ancien Président de la République. « Les médecins n’étaient pas en capacité d’avoir un rôle d’expert et de pouvoir répondre aux interrogations de la population. Il y avait aussi un conflit entre le ressenti sensoriel réel des habitants face à cette pollution qui a eu des impacts sur l’ouïe, la vue ou l’odorat et le discours étatique qui faisait état d’une « odeur gênante, mais pas nocive ». Pour tous les médecins cela a été difficile à gérer. »
Ce sentiment d’incertitude face à des patients inquiets, les médecins l’ont de nouveau ressenti, quelques mois plus tard, au début de la pandémie de Covid. L’étude LuCid (Lubrizol Covid) interroge ces deux évènements et tente de comprendre la place et le rôle des médecins généralistes en situation de crise.
Des collectivités qui s’engagent !
En matière d’environnement et santé, les collectivités ont plus que jamais leur rôle à jouer. Le Ministère de la Transition écologique et le Ministère des Solidarités et de la Santé soutiennent les démarches qui permettent d’agir au plus près des citoyens dans les territoires. Ils ont lancé deux appels à manifestation d’intérêt auprès des collectivités. Intitulé « Territoire engagé pour mon environnement, ma santé », ces appels à manifestation d’intérêt visent un double objectif :
- Faire connaître et valoriser les projets innovants menés par les collectivités en faveur de la santé environnement ;
- Favoriser le partage de bonnes pratiques entre collectivités.
84 collectivités et territoires ont répondu pour mettre en visibilité 127 projets et actions qu’ils mènent sur leur territoire. Cinq lauréats ont finalement été désignés :
- Aubervilliers. Une opération de sensibilisation des populations vulnérables à l’exposition aux polluants environnementaux.
- Bordeaux. Un spectacle pour sensibiliser de manière humoristique les professionnels de la petite enfance à la santé environnementale.
- Grenoble. Une démarche d’amélioration de la qualité de l’air intérieur dans les crèches et les écoles.
- Limoges. Lutte contre les perturbateurs endocriniens dans les crèches, en remplaçant les ustensiles en plastique par de la porcelaine.
- La Madeleine. Mise en place d’un plan communal de lutte contre la pollution aux particules fines et Plan de Déplacements Doux (PDD).
Pour en savoir plus : https://territoire-environnement-sante.fr/
Une approche « One health » pour prévenir les futures pandémies
Depuis 50 ans, l’émergence des crises liées aux zoonoses s’accélère. La crise liée à la pandémie de la COVID-19 a démontré l’importance d’adopter une démarche « One health » intégrant les interactions entre santé humaine, santé animale et santé environnementale. Il paraît également indispensable d’anticiper les risques d’émergence et en détectant de manière précoce ces maladies, de manière à réagir le plus tôt possible avant qu’elles ne se diffusent. C’est justement l’objet de l’initiative PREZODE - Prévenir les risques d’émergences zoonotiques et de pandémies –lancée en janvier 2021, dans le cadre du One Planet Summit consacré à la biodiversité. Initiée par trois instituts de recherche français - INRAE, le Cirad et l’IRD - en concertation avec une dizaine d’autres organisations de recherche, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, PREZODE regroupe déjà plus d’un millier de chercheurs. Cette initiative, qui se veut d’emblée globale, combine projets de recherche et actions opérationnelles.
PREZODE repose sur 5 piliers : l’analyse des risques zoonotiques ; la réduction de ces risques ; la détection précoce et l’évaluation des impacts socio-économiques ; le système de surveillance internationale des risques zoonotiques ; l’engagement des parties prenantes et le co-développement des réseaux régionaux de santé et de biodiversité.
L’ambition de l’initiative est ainsi de construire des socio-écosystèmes adaptés et résilients, réduisant les risques d’émergences zoonotiques tout en renforçant la biodiversité et en luttant contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Le programme sera opérationnel dès 2022.
Pour en savoir plus : https://prezode.org/prezode_fre/
Cadre de vie : des écoquartiers pour une meilleure santé
Être entouré d’espaces verts, avoir un logement confortable, des solutions de mobilité douce près de chez soi… Notre cadre de vie influe directement sur notre santé. Ainsi les problématiques telles que l'obésité, l'asthme, les inégalités sociales de santé, les troubles de la santé mentale (stress, dépression…), l'exposition aux polluants nocifs constituent des enjeux contemporains de santé publique étroitement liés à la qualité de l'environnement urbain. Aujourd’hui, l’aménagement du territoire et l’urbanisme prennent de plus en plus en compte ces aspects. Depuis 2012, l’État soutient la démarche EcoQuartier. Il s’agit d’encourager des projets d’aménagement qui intègrent les enjeux et les principes du développement durable à l'échelle de la ville ou du territoire. Les EcoQuartier doivent répondre à 20 engagements, dont l’un est de mettre en place un cadre de vie sûr, sain et favorable à la santé.
Astrid Fossier-Heckmann
« Aider les populations vulnérables à réduire leur exposition aux risques plutôt que de démontrer leur toxicité »
« Chez Médecins du monde, en tant qu’ONG, nous disposons de peu de moyens pour agir directement sur les causes des dérèglements climatiques. Mais nous pouvons témoigner de leurs conséquences sur les populations avec lesquelles nous travaillons. Sur le terrain, nous avons pris le parti de nous concentrer sur les conditions de vie et de travail nocives pour la santé des plus vulnérables, dans les bidonvilles des Philippines ou du Népal, par exemple. Les populations y cumulent les risques et les expositions : ils vivent près des accès routiers, boivent une eau polluée et sont multi-exposés aux produits toxiques, comme les pesticides ou les matières présentes dans les déchets qu’ils trient pour gagner un peu d’argent. C’est le cas des recycleurs informels de déchets électroniques de Manille, exposés au mercure et au plomb…
Notre choix n’est pas de faire la preuve des impacts des toxiques et des perturbateurs endocriniens, déjà démontrés, mais d’essayer de réduire les contaminations. C’est compliqué parce que les pathologies qui en résultent, comme les cancers ou les maladies neurodégénératives, se révèlent tard. De plus, les personnes concernées n’ont souvent pas d’autre choix que de poursuivre le tri et le démantèlement des déchets pour nourrir leur famille… En gagnant progressivement leur confiance, en partant de leur propre connaissance et compréhension des risques, nous essayons donc de travailler avec eux sur les meilleurs moyens de se protéger.
Discriminés et marginalisés, ils ont aussi un accès plus restreint au système de soin. C’est pourquoi ils cachent fréquemment leur activité, au moment de leur prise en charge, réduisant la pertinence de cette dernière… Nous les aidons donc à s’organiser en groupes, coopératives ou associations professionnelles, pour faire reconnaître leur travail, nécessaire au bien-être de tous, et sortir de cette informalité qui les isole et les stigmatise. Nous discutons aussi avec les autorités locales pour faire bouger les lignes : lutte contre cette discrimination, élargissement de leur accès à la sécurité sociale, prise en compte de leur utilité pour la collectivité… Cette démarche porte ses fruits. Ces personnes changent de statut pour devenir des interlocuteurs des autorités, leur niveau de discrimination baisse, le système de soin s’adapte pour mieux les prendre en charge, leurs indicateurs de santé mentale sont meilleurs… »
Jean-Christophe Combe
« Les changements climatiques contribuent à entretenir un cercle vicieux des vulnérabilités »
« Pour nous, conformément aux termes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé ne consiste pas seulement en « une absence de maladie ou d’infirmité ». Elle se définit comme « un état de complet bien-être physique, mental et social ». De ce point de vue, les conséquences des changements climatiques sur la santé humaine sont importantes. Elles peuvent porter directement atteinte à l’intégrité physique ou mentale des individus, dans le cas d’événements climatiques violents, par exemple. Mais elles contribuent aussi à la dégradation des conditions sanitaires des populations : altération de la qualité de l’air ou des eaux absorbées, création d’un environnement favorable aux agents pathogènes… La dégradation de notre biodiversité a notamment permis de nouvelles interactions entre les virus, les animaux et les hommes, entraînant l’évolution et la transmission de ces virus ; avec des impacts considérables en termes de morbidité et de mortalité. Touchant prioritairement les populations les plus précaires et représentant une cause supplémentaire de fragilité, les changements climatiques contribuent en outre à entretenir un cercle vicieux des vulnérabilités.
Pour la Croix-Rouge, la santé humaine, animale et environnementale doit s’appréhender comme un tout. Les défis à relever sont nombreux. Tout en répondant aux besoins en santé mentale et en soutien psychosocial, il est ainsi nécessaire de protéger les écosystèmes, de réduire les risques sanitaires liés aux catastrophes, de s’adapter aux vagues de chaleur en milieu urbain et de prévenir les risques épidémiques. En parallèle, il convient aussi de lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, puis de répondre aux enjeux sanitaires des mouvements de populations, aggravés par le climat. Dans ce but, plusieurs leviers sont à actionner : l’éducation et la sensibilisation pour diffuser les pratiques sanitaires adéquates et pour amorcer un changement dans nos modes de vie ; une meilleure préparation des entreprises et des organisations ; la recherche multidisciplinaire et l’innovation ; la coopération intergouvernementale ; la mobilisation et la convergence des ressources, y compris financières, en faveur du climat et de la biodiversité. La réponse doit être novatrice, globale et collective. »
André Cicolella
« La prise en compte de l’environnement dans la santé implique des ruptures bénéfiques pour tous »
« Obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, cancer… On n’a pas suffisamment dit à quel point ces maladies chroniques ont aidé le virus de la Covid à se développer. Or, selon l’OMS, on fait face à une véritable épidémie de ces maladies. En France, le nombre des affections de longue durée pour diabète, maladies cardiovasculaires et cancer a doublé entre 2003 et 2017. Cette situation devrait d’autant plus nous alerter que de nouvelles zoonoses risquent d’apparaître… Pour moi, ces enjeux sont de même niveau que ceux qui découlent du réchauffement climatique. Les deux problématiques sont d’ailleurs liées au sein d’une seule et même crise écologique et sanitaire.
Nous devons donc sortir du modèle dominant où santé est synonyme de soin – et de cette obsession catastrophique de la maîtrise médicalisée des dépenses – afin de redonner une place majeure à la santé dans les politiques publiques, tenant compte des impacts de l’environnement, compris au sens large : addition des pollutions, présence de contaminants dans l’alimentation, ultratransformation des aliments, omniprésence des perturbateurs endocriniens, sédentarité…
Nous militons donc pour des changements institutionnels importants en la matière, qui devraient faire l’objet d’une « conférence nationale de la santé environnementale ». Les actions à mener doivent être débattues avec l’ensemble de la société et ne plus relever seulement du débat d’experts. Dans la mesure où des ruptures sont nécessaires et influeront sur sa vie quotidienne, chaque citoyen est en effet concerné. Les acteurs économiques, notamment ceux de l’industrie agroalimentaire, le sont également. Ils devraient avoir pour objectif prioritaire de produire une alimentation saine, et non d’assurer des rendements à 15 % aux actionnaires, ce qui est de fait contradictoire.
De même, de nouveaux procédés sont à trouver pour remplacer des produits toxiques comme les perfluorés, qui contaminent tous les écosystèmes et donc aussi les êtres humains. Il est invraisemblable par exemple que des phtalates classés perturbateurs endocriniens soient présents dans de nombreux cosmétiques susceptibles d’être utilisés par des femmes enceintes ! Une nouvelle culture est à construire. Nous n’avons pas le choix et tout le monde y trouvera son bénéfice. »
Dr Pierre Souvet
« Il est nécessaire d’adopter une vision plus globale de la santé, incluant largement la prévention »
« Recommander aux gens de manger moins gras, moins sucré et moins salé, de se bouger et de ne pas fumer : cela ne peut pas constituer une véritable politique de prévention en santé. Il faut impérativement prendre en compte les facteurs de risques environnementaux et les traiter comme des facteurs de risques médicaux. Y compris dans nos propres pratiques médicales. Quand on sait que la pollution de l’air provoque 40 000 décès chaque année dans notre pays, selon Santé publique France, voire le double pour Harvard, on voit que les enjeux sont colossaux. D’ici à 2023, d’après la Cnam, nous aurons à traiter un demi-million de patients supplémentaires pour des maladies chroniques… Sachant que les personnes les plus touchées sont aussi les plus fragiles socialement.
Or les moyens mis en œuvre sont largement insuffisants. Il est indispensable d’expliquer comment se protéger de l’ensemble de ces agressions à ceux qui jouent un rôle sur notre environnement – architectes, acheteurs des collectivités… –, mais surtout aux professionnels de santé ; les mieux placés pour assurer le relais auprès de leurs patients. Malheureusement, malgré l’inscription de la formation de ces professionnels dans les différents plans nationaux santé environnement, depuis 2004, rien n’a encore été organisé en la matière…
Une véritable démarche de prévention implique aussi des décisions politiques sur trois grands volets : la pollution de l’air, les perturbateurs endocriniens et les pesticides. Comment accepter que la France fixe à 25 µg le taux de particules fines à ne pas dépasser quand le Canada n’en tolère que 10 et que l’OMS le limite à 5 ? De nombreuses actions peuvent être mises en place : aide à la conversion au bio, intégration de la qualité de l’air intérieur dans la rénovation des bâtiments, meilleur étiquetage des produits et meilleur contrôle… La crise sanitaire actuelle fait bouger les lignes. Nous avons peut-être gagné la bataille de l’opinion. Reste à gagner celle des politiques. Encore faut-il qu’ils adoptent enfin une vision globale de la santé, incluant la prévention, associant l’humain, l’animal et la nature. Cela dans une approche transversale qui impliquerait, outre le ministère de la Santé, ceux de l’Industrie, du Logement, de l’Éducation… »
François Veillerette
« La dangerosité de certains toxiques fait consensus, mais ils sont toujours présents sur le marché »
« Notre association travaille depuis plus de 25 ans à la vulgarisation des connaissances sur l’impact des produits chimiques, pesticides et autres perturbateurs endocriniens sur la santé. Aujourd’hui, de nombreuses données scientifiques sont disponibles, par produit notamment. La dangerosité de certains, comme les perfluorés, fait consensus et nous savons par Santé publique France que tout le monde est plus ou moins contaminé. C’est un progrès. Mais on manque toujours d’informations fines en termes d’épidémiologie et d’exposition aux risques. Une quinzaine de départements seulement disposent par exemple d’un registre des cancers. C’est ahurissant. Ces documents sont pourtant indispensables au croisement des données et au repérage des zones à risque. Un gros travail reste à faire dans ce domaine. Santé publique France et l’Anses viennent juste de lancer une étude sur l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de cultures viticoles : PestiRiv. Il était temps. Nous réalisons des analyses sur place et nous alertons les pouvoirs publics sur ce sujet depuis dix ans…
En parallèle, nous constatons peu de progrès dans l’utilisation de ces produits. Les pratiques agricoles, par exemple, n’ont pratiquement pas changé depuis 25 ans. Malgré les réglementations en place, de nombreux autres toxiques sont toujours présents sur le marché : dans la peinture, l’ameublement, les ustensiles de cuisine, les jouets… Il faut les exclure. Les règlements européens les concernant n’ont même pas besoin d’être transcrits en droit pour être appliqués. Qu’attendons-nous ? Nous épargnerions à des millions de personnes de souffrir de maladies chroniques ou d’infertilité. Nous économiserions des milliards d’euros de dépenses en soins. Et combien de pertes d’emploi, de drames sociaux et humains ? Nous ne voyons pas émerger de signaux forts indiquant la prise de conscience de ces dossiers, qui devraient être au cœur de l’action publique. Une politique de prévention s’impose : égale à celle du soin et s’élargissant à l’ensemble des facteurs environnementaux, jusqu’aux particules fines ou au travail de nuit. Les industriels, de leur côté, trouveront des solutions pour répondre aux besoins de la société sans la mettre en danger. »
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Décembre 2021
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